19.06.2019

Solstice d’été : La Relation, Processus d’Eveil au Soi

Majnun Qaïs était profondément amoureux de Layla.  » Il finit par conquérir Layla qui accepte de l’épouser mais le jour du mariage venu, Majnun a disparu. Aussitôt qu’il a accompli la femme (Layla) en lui, il disparaît. Il ne consomme pas le mariage. Il ne veut rien avoir à faire avec elle. Elle est là, assise sur le lit, alors qu’il erre à l’extérieur de la tente, en répétant :  » Layla, Layla… « [1].

Les deux solstices marquent l’apogée d’une période, et en même temps le début d’une autre (les deux sont Un):

  • L’entrée du Soleil en Cancer (solstice d’été) inaugure cette moitié de l’année appelée Dakshiayana, l’Arc Royal, également appelée le Vaisseau Argo (le navire utilisé par Jason pour conquérir la Toison d’Or – le Bélier et l’immortalité), une constellation qui reliait le Cancer au Capricorne, avant qu’elle ne soit démantelée en plusieurs constellations. Le Cancer est considéré comme le « tombeau de l’âme », la métaphore de la matière dans laquelle l’âme est engluée, captive. Au solstice d’été, le Soleil entame sa course vers le Sud (Capricorne). Les énergies du Cancer sont l’opportunité pour l’âme d’entretenir la conscience de la lumière symbolisée par la flamme de la bougie, afin de stimuler en elle-même l’énergie spirituelle pour sortir de l’attraction suscitée par la matière, dont l’âme était devenue l’esclave : c’est cela « devenir un roi ». L’âme est l’auto-initiée. Nous sommes en effet, faits de matière et d’esprit, dualité intrinsèque.
  • L’entrée du Soleil en Capricorne (solstice d’hiver) inaugure cette moitié de l’année appelée Uttarâyana, l’Arc Divin. A partir du Capricorne, le Soleil reprend sa course vers le Nord et apporte sur terre des énergies évolutives qui stimulent l’âme afin qu’elle développe sa nature spirituelle, stade de libération (Moksha) de l’âme hors de la forme (Capricorne).  C’est l’allégorie de l’initié qui a marié en lui les énergies involutives et évolutives, matière et esprit, les voyant comme UN, l’expression du Soi dans les sept plans. Il peut ainsi stimuler l’éveil de la conscience des âmes et les encourager à sortir du tombeau, le Cancer.

« Le Cancer et le Capricorne sont au mouvement (solstices) ce que le Bélier et la Balance sont à l’axe (équinoxes) ».

Etymologiquement, le mot relation vient du latin « religare » qui signifie relier. Relier deux choses ou deux personnes sous-entend l’Existence de la « dualité ». Avant la Création, la manifestation, l’UN androgyne contenait le Tout.  De cette unité (La Monade), dont la ligne horizontale supérieure du glyphe des Gémeaux est le symbole, émerge la Création, faite de deux courants parallèles : l’esprit et la matière, la conscience divine et  la nature divine, le masculin et le féminin. La ligne horizontale inférieure du glyphe des Gémeaux nous invite à nous souvenir de cette unité primordiale et à voir la complémentarité des opposés apparents au lieu de se focaliser sur les différences. Cette pratique nous permet de vivre en harmonie plutôt que dans les conflits.

La dualité est le thème majeur de notre système solaire, celui du « Fils », c’est pourquoi les Gémeaux représentent l’apothéose de l’âme Christ.

La relation, comme expérience, permet à l’âme de se connaître, de grandir en conscience et d’entrer en relation avec le Soi, sa Source.

« Il existe deux types de relations :

° La relation d’âme à âme  » Shin den Shin « , qui a lieu au niveau causal, comme prélude aux Noces mystiques, lorsque les égos ont été absorbés dans l’Un, le Bélier. Uranus gouverne cette relation verticale.

° La relation d’égo à égo, qui se déroule au niveau mental. Elle se traduit sur le plan physique par le flux et le reflux, produisant inéluctablement le conflit des paires d’opposés : la Lune/Ida et le Soleil/Pingala, l’attraction/répulsion, les Gémeaux. Saturne gouverne cette relation horizontale.[2] »

Ce long processus d’éveil commence par la relation karmique. L’âme, au stade d’expérimentation est  encore inconsciente d’elle-même. N’étant pas en relation avec le Soi, elle est incomplète et cherche sa part manquante à l’extérieur dans le monde concret et objectif,  l’homme cherche la femme (sa Lune), son miroir et la femme cherche l’homme (son Soleil), son rayonnement. La Balance, en tant que résultat de la relation Scorpion- Taureau, est le signe de la chute de l’humanité dans le plan le plus dense, l’existence dans un corps de chair et l’apparition de la dualité sur le plan physique (Adam et Eve sont chassés du jardin d’Eden et doivent se revêtir de peau de bête, corps lunaires de nature sexuelle). Saturne, exalté en Balance et en chute en Bélier, poursuit l’âme pour qu’elle apprenne à être responsable de ses actes. A ce stade, il est vécu comme karma engendrant la colère et la tristesse ou l’apitoiement.

Cette relation karmique peut être imagée par la rencontre de deux amis qui sont chacun propriétaire d’un chien qu’ils promènent en laisse, sur la plage. Ils vont à la rencontre l’un de l’autre, mais si l’interaction des chiens se fait en premier lieu, les propriétaires risquent de ne jamais pouvoir se rencontrer s’ils doivent mettre toute leur énergie à calmer leurs chiens qui se querellent. En effet, la relation karmique est vécue dans les chakras inférieurs, en dessous du diaphragme (qui est sous la régence du Lion), et sujette à nos instincts animaux : instinct de possession, envie, égoïsme, autorité, violence… Au départ l’autre nous a semblé correspondre à notre idéal, notre désir et nous avons projeté tout notre rêve sur lui/elle. Cependant l’amour (de notre moi projeté) s’est rapidement transformé en haine quand le partenaire n’a plus répondu à notre désir et nos attentes. C’est la désillusion (Lune) et l’amour émotionnel (Vénus connoté par Mars) se transforme en mépris, insatisfaction ou haine. Le partenaire devient responsable de nos frustrations et de nos souffrances. L’homme projette sur la femme, sa femme intérieure (Lune) et la femme, son homme intérieur (Soleil), « de l’irréel au Réel ».

Les deux canaux Ida et Pingala, principes du mental duel (nos deux polarités Soleil et Lune) ne sont pas en équilibre, l’oscillation est constante, Balance. Les Gémeaux sont vécus comme les « frères querelleurs », Pollux, la lumière croissante de l’âme et Castor, la lumière décroissante de la personnalité.  La dualité et les conflits intérieurs et extérieurs persistent.

Quand la polarisation  mentale qui est  un aspect de l’âme, aspect volonté, s’installe,  débute le conflit. Saturne commence à agir par les souffrances générées par la relation. Sur le sentier de probation, la souffrance émotionnelle peut être très vive, car le corps astral n’est pas encore illuminé par le mental. L’aspirant est conscient de ses émotions, de ses besoins immédiats mais pas des karmas qu’il a générés.

La relation de nature astrale, illusoire, est donc vécue dans une multiplicité de formes lunaires de nature transitoire et éphémère. La vraie relation est vécue sur le plan mental pour créer des formes de nature solaire. Sur ce plan, apparaît le pouvoir de « sacrifice » et d’identification au Soi. Jupiter  (Rayon II, Amour-Sagesse) est le significateur majeur de la vraie relation, celle de la « transparence [3]», c’est-à-dire l’âme et l’esprit.

« L’amour est frustré et aveuglé, lorsque le désir est rampant ; le désir s’évanouit, lorsque l’amour triomphe [4]».

 A la première Initiation du seuil, appelée la « Naissance » dont les mots clés sont : Début, Relation, Magie sexuelle, la vraie relation s’établit. La relation est avec l’Ame divine, le Soi  commence à adombrer la personnalité. Mais la relation authentique ne s’installe réellement qu’à la troisième initiation, celle de la Transfiguration. L’homme alors s’éveille à sa dualité intrinsèque, la Balance. Je n’existe plus seulement parce que l’autre me considère, me reconnaît, répond à mes attentes et mes besoins. Mais j’entre en relation avec le Soi, Le Lion « Je suis la cause de toute relation ». Je tombe amoureux de l’autre (le Soleil voilant Uranus) pour tomber amoureux de Soi (j’existe pour moi) pour tomber amoureux de tout l’univers. L’initié est un éternel amoureux.

A partir de l’instant où cette relation intérieure avec le Soi est privilégiée, la relation extérieure devient source de conscience et d’opportunité d’intégration du Soi. Ce que je vois dans l’autre sont les parties non révélées ou non acceptées de moi-même, je peux alors me réapproprier mes projections et les travailler intérieurement. Le mental qui s’est développé est utilisé pour transformer la nature de désir.

C’est une phase de purification progressive qui devient effective à la deuxième initiation du seuil, le Baptême d’eau. Le cœur dirigé vers le plexus solaire est l’amour teinté de brumes tandis que le cœur dirigé vers les centres supérieurs de la tête (glande pinéale, aspect volonté, corps pituitaire, aspect sagesse et Alta Major, aspect intelligence), permet l’émergence de l’amour inconditionnel, l’Amour sans désir à la quatrième initiation, deuxième initiation hiérarchique.  On parle de relation âmes sœurs qui est vécue sur le plan mental avec l’objectif de créer pour le plus grand nombre. Le Soi est le but, « le dessein que les disciples connaissent et servent ».

L’équilibre (Balance) des polarités ou la fin de la dualité est trouvé dans le cœur (Lotus au sein du Sahasrara), le disciple apprend à « accepter » l’autre tel qu’il est  et entre plutôt dans la compréhension. Le plan affectif  (Vénus Pandémos) est transmué en amour mystique (Neptune) ou en amour de Dieu (Jupiter).

La Kundalini (celle qui est lovée), aspect conscience dans l’individu, monte à partir du centre racine (Balance) jusqu’au centre Ajna où les deux (Ida et Pingala) sont absorbés dans l’Un (Sushumna), amenant la compréhension aimante. Manas (corps causal) a fusionné avec Bouddhi (Vénus- Mercure) et le mental Saturne n’est plus une limitation. « Manas est le tattvas  de l’Ajna », « détachement attaché », « être  impersonnellement personnel ».

Sur le sentier de l’Initiation, la relation intérieure est vécue entre le Soi et la Monade/Esprit, les Poissons représentent cette dissolution ultime de l’illusion de la séparation à la quatrième Initiation, la Renonciation. Ici nous parlons de Mariage Occulte ou Ultime (Hiérogamie), sous l’égide d’Uranus (Rayon VII), la liberté de l’Esprit.

L’âme, le Corps Causal, est occultement mis à mort, « Le Grand Renoncement », et la véritable relation s’installe entre la matière et l’esprit, les deux étant le reflet de l’UN. Toutes les dualités sont absorbées dans le cœur, c’est l’ouverture complète du 4ème Chakra (centre Anahata). Dans ce cœur, nous retrouvons Çiva et Çakti, Yab et Yum, le symbole Yin et Yang…

Jupiter est le significateur majeur de la vraie relation qui s’établit entre l’âme et l’esprit. Il est celui qui ouvre les « entrailles de la Vierge », par l’initiation. Jupiter gouverne le premier décan du Bélier, signe de la dualité majeure : l’Esprit et la Matière. Il est également le gouverneur des Gémeaux, lesquels symbolisent la dualité mineure : l’âme et la personnalité, car Jupiter a une tendance inhérente à la fusion.

« La Kundalini est servitude pour l’homme ordinaire et libération pour l’initié ».

Le mythe de Léda illustre cette naissance de la vraie relation, lorsque l’âme, purifiée de sa nature de désir, s’apprête à rencontrer l’esprit. Léda épouse de Roi Tyndare, enceinte de celui-ci est approchée par Zeus qui est séduit par sa beauté. Il se métamorphose en cygne, Léda attirée par la beauté étincelante du cygne s’unit à lui. Elle accouchera dès lors de deux œufs, de l’un sortira Castor et Clytemnestre et de l’autre, Pollux et Hélène.

Les Gémeaux se meuvent vers la Balance et la Balance relie les deux dans les Gémeaux.

Léda est le symbole de l’Œuf  d’or Cosmique et le cygne est la métaphore de l’Esprit.

Brahma est né de l’Œuf d’Or, « Hiranyagarbha ».

Léda et le Cygne

« La femme est matière et l’homme est esprit ».

« Ce n’est pas la matière qui s’oppose à l’esprit mais ce sont les forces éthériques qui s’opposent à la vie de l’esprit », le Tibétain.

« Lorsque l’amour renonce à toute limite, il atteint la vérité », Kabir.

« La joie de l’Etre, c’est la joie d’un Dieu amoureux de Lui-Même, la joie d’un enfant, l’inépuisable multiplication de soi d’un poète enivré par l’extase de son propre pouvoir de création sans fin », Sri Aurobindo.

« Les Gémeaux ne faisant plus qu’un dans la trajectoire du renoncement, la ligne directe de l’oscillation retrouve son équilibre dans la circonférence de la manifestation »[5].

« La matière est esprit à son niveau le plus bas et l’esprit est matière à son niveau le plus haut [6]».

L’Akasha est à l’éther ce que l’esprit est à la matière.

« Je sers le Soi ».


[1] Lee Lozowick, L’Alchimie de l’Amour et de la Sexualité, Editions du Relié, 1995, p.18, extrait de Anthéa, Hiérogamie ou l’Ultime Mariage de Vénus, Editions Régulus, 2019, p.240

[2] Anthéa, Hiérogamie ou l’Ultime Mariage de Vénus, op.cit., p.238

[3] Albedo ou l’Œuvre au Blanc

[4] A.Bailey, Astrologie Esotérique, p.159

[5] Anthéa, Hiérogamie ou l’Ultime Mariage de Vénus, op.cit. p.28

[6] A.Bailey, Astrologie Esotérique, p.305

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